#Ecoutezlessurvivantes

L’action politique d’isala se fonde sur la parole des survivantes et survivants, ces femmes et hommes qui ont réussi à sortir de l’enfermement prostitutionnel et souhaitent agir aux côtés des associations pour construire un monde sans prostitution. isala n’a de cesse d’agir à leurs côtés, en les invitant à des événements, en relayant leurs mots sur son site ou ses réseaux sociaux, en soutenant leurs actions. #EcoutezLesSurvivantes, c’est le mot-dièse qui accompagne les témoignages des survivantes de prostitution. Témoignages encore pas assez nombreux, tant il est difficile de rompre l’image glamour ou banalisée de la prostitution véhiculée par la société et les partisans du système proxénète. isala partage et continuera de partager les paroles des survivantes, qui l’inspirent et la confortent dans son action.

Soutenir la solidarité internationale des survivantes

En 2018, isala accompagne Maïté Lønne et Pascale Rouges à Paris pour une conférence exceptionnelle « #MeToo et prostitution : les survivantes de la prostitution prennent la parole ». Les deux survivantes belges rejoignent sur scène des survivantes d’Irlande, d’Afrique du Sud, du Congo, du Nigeria et de France, ainsi que l’actrice Ashley Judd, et témoignent de leur vécu. Pascale Rouges et Rosen Hicher sont invitées la même année au colloque international du Collectif des femmes de Louvain-la-Neuve à témoigner, aux côtés d’isala.

En 2020, Maïté Lønne est l’un des visages de la campagne #WithHer de l’initiative européen Spotlight contre les violences contre les femmes, aux côtés de survivantes de diverses formes de violence masculine, et isala l’accompagne en témoignant, lors de la conférence européenne de lancement, du rôle des associations et de l’importance de la parole crue et entendue. isala se porte également partie civile en soutien de survivantes qui osent porter plainte pour obtenir justice.

La marche mondiale des survivantes en Belgique

En 2019, isala organise la Marche mondiale des survivantes de la prostitution en Belgique, qui s’inscrit dans le mouvement de marches initié par Rosen Hicher : après Saintes-Paris en 2014 (800km), l’Alsace en 2018, et Strasbourg-Mayence (Allemagne) quelques jours avant d’arriver en Wallonie. De Liège à Bruxelles, en passant par Seraing, Engis, Huy, Andenne, Namur, Sambreville, Charleroi, La Louvière et La Hulpe, ce sont huit survivantes qui marchent 200km pour sensibiliser à la réalité de la prostitution et faire connaître le modèle abolitionniste.

Rosen et Fiji de France, Pascale de Belgique, Valérie, Judith, Lorraine, Marie et Jo du Québec, accompagnées par isala et par l’association québécoise CLES. Dix jours par les routes et les chemins, à la rencontre des élu.es, des associations, des habitant.es, des médias et de survivantes d’autres formes de violence. Dix associations partenaires ont soutenu la marche tout au long de son parcours, ont accueilli les marcheuses dans leurs locaux, et ont fait vivre des moments de convivialité mémorables (Synergie Wallonie, ACRF – Femmes en milieu rural, Fondation Anne-Marie Lizin, asbl Succès, Femmes cdH, Caravane pour la paix et la solidarité, CFFB Huy, CAL Namur, Solidarité Femmes, Vie féminine Centr’Hainaut).

Voici quelques-uns des titres parmi les 18 médias différents qui ont couvert la marche : « Un état de survie », « Marche des survivantes : Nous demandons du courage politique à l’égard de la prostitution », « La marche des survivantes : informer sur la réalité de la prostitution », « Prostitution : c’est le client qu’il faut responsabiliser ! », « Survivantes de la prostitution : responsabiliser le client », « Laisser des femmes se prostituer, c’est accepter que toutes soient prostituables », « Sept survivantes de la prostitution ont marché de Liège à Bruxelles pour dénoncer la marchandisation du corps des femmes. »

Les marcheuses ont rencontré 21 élu.es, dont deux députées wallonnes et une députée provinciale, un bourgmestre, plusieurs échevin.es et conseillèr.es communaux.ales. Elles ont été reçues au Parlement wallon à Namur, comme on peut le voir sur ce reportage de Télésambre. A leur arrivée à Bruxelles, les FEMEN les ont accueillies et ont participé avec elles à une conférence de presse organisée par isala. Une action unique et exceptionnelle, qui a permis de donner toute sa place à la voix des survivantes.

« Synergie Wallonie pour l’Egalité entre les Femmes et les Hommes asbl fédère des associations féminines et féministes de Wallonie qui luttent pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Synergie Wallonie a eu de multiples opportunités de collaborer avec isala, et en particulier lors d’une action militante qui nous a fortement marquées. En avril 2019, Synergie Wallonie assure, en partenariat avec isala, la responsabilité des journées du parcours wallon de la « Marche mondiale des Survivantes de la Prostitution ». En une semaine, de Liège à Charleroi, je suis frappée par la détermination des huit survivantes françaises, québécoises et belges, par leur volonté d’aller de l’avant et de combattre la banalisation de ce milieu de la prostitution qui a détruit, parfois pendant plusieurs décennies, leur première vie. Les membres d’isala, sous l’impulsion de leur présidente Pierrette Pape, les accompagnent tout au long du parcours, avec empathie et soutien. Dans chaque ville, les marcheuses sont officiellement reçues par une délégation des autorités communales et leur voix est reprise par les médias, grâce au travail collectif de notre réseau d’associations engagées. Cette semaine est à tout jamais gravée dans ma mémoire. »

Reine Marcelis, présidente, Synergie Wallonie

« La marche était une façon pour moi de panser mes plaies. » Fiji, survivante, France, a écrit sur son expérience pour le site internet d’isala

« Je marche pour libérer mes sœurs. Je marche pour qu’on leur donne des alternatives. Je marche pour informer les gens, leur dire que ce n’est pas un choix. Je marche pour qu’on reconnaisse la résilience des femmes. Je marche pour qu’on leur donne l’appui qu’elles méritent. Je marche pour qu’on cesse de sacrifier des femmes et des filles. Je marche pour tous les enfants qu’on agresse impunément. Je marche aussi pour moi, pour la petite fille qui a été incestuée, agressée sexuellement, qui a été abusée par un ami de cœur, qui l’a prostituée jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus rien ressentir dans son corps. Qui a été violée encore et encore jusqu’à ce qu’elle n’ait plus d’identité. Je marche pour que plus aucune femme n’ait à vendre son corps pour un bout de pain ou un peu de tendresse. Je marche libre enfin ! Je marche pour l’abolition de la prostitution. »

Marie, survivante, Québec