En juillet puis en novembre 2017, isala était invitée par Vie féminine pour présenter comment la réalité de la prostitution en Belgique s’inscrit dans un système d’oppressions multiples. De belles rencontres à Namur et Mons !
« Des magazines de mode aux contenus internet, des cabines de chirurgie aux lieux de vie nocturnes, le corps des femmes est envisagé comme une ressource pour l’économie capitaliste. Loué, vendu, modelé, érotisé, ce corps est appelé à être unifié selon des normes racistes et sexistes pour devenir un objet de marchandisation à des degrés divers. A cette transformation en véritable objet visuel de consommation et à cette exploitation de l’image, vient s’ajouter l’exploitation sexuelle. »
C’est dans le cadre d’un projet avec isala et le Monde selon les femmes, en collaboration avec les FPS et la Maison Plurielle de Charleroi, que Vie féminine a organisé une conférence le jeudi 16 novembre dernier à La Maison Folie de Mons. Une occasion pour isala de présenter la réalité que nous rencontrons en Belgique sur les lieux de prostitution et dans l’accompagnement des personnes prostituées qui viennent nous voir.
Pierrette Pape, la présidente d’isala, a articulé son intervention autour des 3 systèmes d’oppression présents dans le système prostitueur : la pauvreté, le racisme, et le sexisme. A partir d’exemples de situations rencontrées par isala, nous voyons comment les trafiquants, les proxénètes et les clients profitent de la précarité, des clichés racistes et de la normalisation du « choix individuel » pour continuer à vendre et acheter le corps des femmes. La prostitution est une violence en soi, car elle constitue en une relation sexuelle achetée par l’argent, mais elle est aussi une violence institutionnelle car on essaie de la justifier comme une solution comme une autre à la pauvreté ou à la migration. Dans une vision de solidarité comme le promeut Vie féminine, il n’est pas possible de soutenir l’institutionnalisation du système prostitueur en Belgique qui vise à diviser les femmes, normaliser les inégalités et renforcer la culture du viol.
A Mons, Katinka in’t Zandt, psychologue à la Free Clinic et présidente du Monde selon les Femmes, a apporté des éléments de réflexion supplémentaires sur le continuum des violences masculines et son impact. En tant que professionnelle de la santé, elle a partagé l’état des recherches concernant les traumatismes provoqués par les violences, et en particulier par la prostitution, où des mécanismes de survie se mettent en place chez les personnes pour faire face à cette violence extrême qu’elles vivent.
Avant un échange très riche avec la salle Charlotte De Jaer, conseillère communale Ecolo à Mons, a partagé ses réflexions et les actions qu’elle essaie de mettre en place dans sa ville, dans un contexte de banalisation du proxénétisme et de machisme dans les institutions politiques.
Un évènement similaire avait eu lieu à Namur le jeudi 6 juillet 2017 : isala avait été invitée à présenter les mêmes constats lors de la Semaine d’Etude « Tisser des solidarités » de Vie féminine, en compagnie d’autres intervenant-e-s invitées à traiter également des violences masculines et institutionnelles faites aux femmes.
Vie féminine mène une campagne de sensibilisation et de plaidoyer pour mettre fin aux violences masculines : Brisons l’engrenage infernal ! et a créé un site internet dédié où vous pourrez retrouver des chiffres sur les violences, ainsi que des informations sur l’action nationale du 25 novembre. Rejoignez-nous !