Salle comble et discussion enrichissante pour la soirée cinéma d’isala au Daarkom le 19 janvier dernier.
Plus de 120 spectateurs et spectatrices ont rejoint le Daarkom le mardi 19 janvier 2016 pour la soirée ciné-discussion proposée par isala dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination des violences envers les femmes, et en partenariat avec Elles tournent, Awsa-be et KAFA. La soirée, qui était prévue en novembre 2015 et a dû être reportée, a remporté un vif succès, grâce à une salle comble et un échange très pertinent après le film.
Le film a été projeté en arabe avec sous-titres en français, ce qui a permis une diversité de participant-e-s et des échanges très riches : membres d’associations, politiques, membres de la communauté libanaise ou arabophone, personnes curieuses ou intéressées par les droits des femmes, enseignant-e-s, personnes travaillant pour des communes sur la prostitution, avocat-e-s, étudiant-e-s, etc.
Le film de Carol Mansour « La plus vieille oppression » (ou « La plus vieille violence ») met en lumière la réalité de la prostitution au Liban, au travers de témoignages de femmes prostituées et de clients fréquentant les ‘super night clubs’ de Beirut. Les interventions de l’association libanaise KAFA permettent de comprendre le phénomène prostitutionnel dans son ensemble au Liban.
Le film libanais montre clairement que la majorité des personnes victimes de prostitution sont souvent issues de minorités ou dans des situations vulnérables : il s’agit de femmes réfugiées syriennes, de femmes ayant subi des violences sexuelles dans l’enfance, de femmes dans des situations économiques précaires, etc. C’est la même réalité à Bruxelles, comme cela a été discuté pendant le débat. En Belgique, ce sont principalement des femmes de pays étrangers, plus pauvres, et issues de minorités qui sont dans la prostitution (femmes Roms de Roumanie, femmes de la minorité turcophone de Bulgarie, transsexuelles d’Equateur, femmes en situation économique précaire, ou en attente d’un statut de réfugiées, etc.). S’il n’y a pas de super night clubs en Belgique, il y a une tolérance forte pour le proxénétisme, les vitrines et les hôtels de prostitution. Le film montre également l’organisation du système prostitutionnel, basé sur le profit et l’exploitation, et qui est semblable, dans ses objectifs et ses rapports de pouvoir et d’argent, à celui en Belgique. Les spectateurs/trices ont pu discuter de cette réalité, et faire le lien entre le Liban et la Belgique, montrant ainsi l’universalité du combat contre les violences faites aux femmes.
Le lendemain, isala animait un atelier avec 20 jeunes de 12 à 20 ans, issu-e-s des groupes de la Voix des femmes et du Gams. A partir d’outils sur la relation au corps, les relations filles-garçons, l’hypersexualisation et son lien avec les violences faites aux femmes, les jeunes ont pu échanger et questionner leurs représentations, la société et les médias.
Voici quelques témoignages récoltés après la soirée ciné-discussion au Daarkom :
« Beaucoup de parallélismes entre la société libanaise et la société belge, et très intéressant de découvrir les activités d’isala. »
« Très poignant, surtout quand on se rend compte qu’on a le même âge que les jeunes femmes interviewées. Débat intéressant pour la diversité des apports. »
« Ce qui ressort, c’est l’importance de l’éducation, du respect, l’apprentissage de la vie en société, c’est une ligne forte d’isala. »
« Très poignant et touchant. Débat très mûr et réfléchi. Les mouvements écologiques, anticapitalistes et féministes doivent aller de pair, c’est la même analyse. »
« Déstabilisant, percutant, triste, beaucoup d’émotions… On se rend compte qu’il y a encore énormément à faire, il est temps que tous et toutes à notre échelle on agisse et qu’on arrête de faire l’autruche à l’échelle mondiale. »
Ces activités ont été possibles grâce au soutien de la Région Bruxelles-Capitale, et au partenariat avec Elles tournent, Awsa-be, KAFA, le Gams et la Voix des femmes. Merci !